Moi, votre amie prodigieuse (lettre écrite par la langue française)

« Moi, votre amie prodigieuse » (lettre écrite par la langue française) – Heike

Imaginez : si la langue française était une personne ?

Une vraie personne.

Capable de vous parler, de vous écrire.

C'est ce que Heike a imaginé.

Et c'est sa lettre très spéciale que je vous propose de découvrir.

Une lettre écrite pour elle, par la langue française : "Moi, votre amie prodigieuse"


Vous n'allez pas seulement lire une belle lettre en français.

Vous allez aussi vous placer dans la "tête" de la langue française !

Oui, c'est la langue française qui a pris sa plume ou son stylo ou son clavier (je ne sais pas trop !!)

C'est une expérience unique. Croyez-moi ! 

Vous allez découvrir que la langue française ne manque pas d'humour.

Elle a quelques remarques à faire sur l'Académie française (on est d'accord sur ce point !!).

Au fil de votre lecture, vous devinerez peut-être des références culturelles importantes plus ou moins claires. Soyez attentif(ve) !

Quand j'ai proposé pour la première fois à Heike une consigne d'écriture créative (dans son programme de cours Autonomie), j'ai choisi un sujet qui pourrait l'inspirer : Et si la langue française était une personne ?

Je n'étais pas sûre de sa réaction. 

Elle aurait pu me dire : "mais ça va pas Nathalie. Tu es folle ! C'est quoi, cette idée bizarre ?

Mais non ! 

Elle a écrit une lettre magnifique qui m'a vraiment touchée.

Je voulais absolument la partager avec vous.

J'espère qu'elle vous plaira aussi.


Vous pourrez la lire, l'écouter et découvrir les références littéraires que Heike a glissées dans le texte.

Si vous aimez la littérature française, vous serez ravi(e).

Si vous ne connaissez pas les auteurs mentionnés, vous aurez peut-être envie de les découvrir grace à Heike.


Cliquez pour voir le sommaire de l'article :


Heike : l'amour de la langue française, de la France et de la littérature

Lettre langue française - portrait de Heike

Heike

Je m'appelle Heike, je suis allemande et j'essaie depuis de nombreuses années d'améliorer mes connaissances de la belle langue française. 

J'aime la France et tout particulièrement Paris, mon lieu de prédilection.

Y vivre serait mon rêve, mais tous les rêves ne se réalisent pas.

Je me contente donc de deux ou trois visites par an à Paris, pour voir des expositions, aller au théâtre, découvrir des bistrots sympas et pour flâner, beaucoup flâner.

Et j'adore la tour Eiffel, à tel point que je la collectionne sous toutes ses formes.

Ça fait à peu près deux ans que je participe aux cours de Nathalie, aux cours de conversation en petit groupe et au programme individuel „Autonomie“ que j‘adore tout particulièrement,

Dans le cadre du programme Autonomie, Nathalie m‘a récemment demandé de me mettre dans la peau de la langue française. Ce que j’ai essayé de faire. En voilà le résultat.

Et puisque j’aime non seulement la langue française mais aussi la littérature française, j’ai truffé mon texte de quelques allusions littéraires. À vous de deviner lesquelles. Vous trouverez les solutions à la fin du texte. Bonne lecture.

Molière

Molière

Découverte de la lettre  "Moi, votre amie prodigieuse" (écrite par la langue française)

Si vous n'avez pas encore le niveau B2 en français, je vous invite à lire et écouter la lettre en même temps.

Si vous avez un niveau B2 et plus, écoutez la lettre sans la lire.

Essayez de découvrir les allusions littéraires

Vous pourrez vérifier ce que vous avez compris en téléchargeant la lettre au format PDF (un peu plus bas).


Voici la lettre écrite par Heike la langue française  :


Moi, votre amie prodigieuse


Enchantée de faire votre connaissance, belle étrangère. L’intérêt que vous me portez, à moi et à mon histoire, me touche beaucoup. Je vais essayer de satisfaire un peu votre curiosité en vous parlant de quelques-uns de mes amis, de mes amours, de mes emmerdes (eh oui, Charles Aznavour aussi m’a aimée) qui m‘ont accompagnée pendant ma longue existence. Mais il y en a tellement d’autres …

Laissons à part ma jeunesse, le temps de mes balbutiements. Ma vie d’adulte a commencé avec notre roi François, le premier de ce prénom. C’était en 1539 qu’il m’a jugée digne de m’imposer à ses sujets. Quel honneur et quel homme, ce François ! Très grand, le nez aquilin, de fière allure, il faisait des ravages parmi la gent féminine. J’aurais aimé l’aider à les conquérir comme je l’ai fait plus tard pour le trop timide Cyrano de Bergerac, si amoureux de la belle Roxanne. Mais François, lui, il n’avait pas besoin de moi et de mes subtilités, il disposait d’autres moyens pour faire céder les dames.

Un deuxième François dont je me souviens avec nostalgie et gratitude, c’est mon grand ami Rabelais, un brin rustre sur les bords, soit, mais d’une vitalité et d’une vivacité d’esprit imparable ... On s’est bien amusés tous les deux, même si, je dois l’avouer, il m’a parfois choquée. J’étais encore trop pudique. Notre relation m’a beaucoup enrichie. Ce cher Rabelais m’a parée de très beaux atouts que je porte toujours avec la plus grande fierté.

Mais revenons à nos moutons (non, ce n’est pas du Rabelais, lui, c’est les moutons de Panurge). Parlons un peu de Molière, comédien de génie (ce mot, c’est du Rabelais), plus fin que François, mais tout aussi malin, impertinent et imprudent. Il s’est servi de moi pour se moquer de ses contemporains, y compris parfois même du grand roi Louis. J’imagine que vous, belle étrangère, aimez le théâtre. Vous souvenez-vous de Monsieur Jourdain, ce bourgeois gentilhomme, que les beaux yeux d’une belle Marquise ont fait mourir d’amour ? Du pur Molière. - Une jolie expression nous lie à jamais, Molière et moi. Vous la connaissez, j’en suis sûre. Il existe la même pour ma vieille consœur anglaise et son fellow Shakespeare. Et puisqu’on parle de l’Anglaise, sachez qu’elle devient de plus en plus envahissante ces derniers temps. Je l’aime bien mais il ne faut pas exagérer, non ? En tout cas, je ne me laisse pas faire, je vais garder le lead. Oups ...

Juste un petit mot sur l’Académie française, cette institution fondée avec l’honorable intention de me protéger. Depuis presque 400 ans déjà que des Immortels au nombre de 40 et exclusivement des hommes jusqu’en 1970, travaillent à m’enfermer dans un corset, ce que je n’apprécie guère. Donc je n’arrête pas de leur donner du fil à retordre. Je vis avec mon temps, moi. Eux par contre, ils ont toujours au moins un train de retard et ne me rattraperont jamais. Soyez franche, à votre avis, ai-je vraiment besoin d’eux ?

Et maintenant, laissez-moi évoquer mon bien-aimé et inoubliable Victor Hugo. Vous savez sans doute comme tout le monde qu’il a partagé sa vie affective entre son épouse Adèle (d’ailleurs infidèle comme lui, ce qui n’était pas la faute à Voltaire), sa maîtresse en titre Juliette et ses innombrables liaisons éphémères. Mais son amante éternelle, incontestée, sa plus profonde passion, c’était moi. Il m’a fait l’amour tous les jours jusqu’à sa mort.

Comment ne pas penser à Raymond Radiguet, mon jeune amant si prometteur. Il avait le diable au corps, ce beau gosse. J’avais rêvé d’une longue histoire d’amour entre nous mais le destin l’a emporté dans la fleur de l’âge. Ce qui me console un peu, c’est qu’il passe son éternel repos au Père-Lachaise en bonne compagnie, juste à côté de Balzac. L’infatigable Honoré, cet acharné de travail, me rappelle nos éternelles nuits blanches et tout le café dont il avait besoin pour me maîtriser.

Georges Perec me vient à l’esprit, ce petit bonhomme hirsute et nerveux. Comme il m’a maltraitée, celui-là. Je vous laisse découvrir par vous-même ce qu’il m’a fait subir. Au début, j’étais très fâchée contre lui et je me suis défendue à cor et à cri. Mais têtu comme un mule, il a réussi son coup malgré ma résistance et finalement, je lui en suis très reconnaissante. Il a prouvé que même la disparition d’une part essentielle de moi-même ne me nuit pas. Je reste toujours belle, séduisante et surprenante.

Et encore un nerveux, le fébrile Fabrice Luchini. Vous l’avez sans doute déjà vu au théâtre ou au cinéma, il est votre contemporain et très connu. Avec lui, il m’arrive parfois de ne plus me comprendre moi-même. Il me fait virevolter tout à sa guise, il me donne le tournis. Mais il me respecte et me défend. Sacré Fabrice.

Après tout ce que je vous ai raconté, vous me traitez peut-être de courtisane, de pute même, et vous avez raison. J’embrasse sur la bouche tout un chacun qui vient vers moi, qui s’intéresse à moi. Avec les uns, je descends dans les bas-fonds les plus sordides, je voyage avec eux jusqu’au bout de la nuit et je cueille avec eux les fleurs du mal. Avec les autres, j’admire une rose unique et je les aide à accuser les injustices. Je me laisse trimbaler, maltraiter et utiliser avec le même plaisir que je savoure être cajolée, admirée et vénérée.

Notre amitié déjà si profonde, belle étrangère, durera aussi longtemps que le destin vous gardera sur terre, j’en suis profondément convaincue. Il me reste encore tant de choses à vous raconter, à vous apprendre. Et je dois vous présenter mes si nombreuses amies et amantes qui m’ont autant marquée que les hommes dont je vous ai parlé.
Continuez à rester très, très proche de moi, je ne vous décevrai pas. Promis !
Sincèrement, votre amie prodigieuse


Droits d'utilisation du texte "Moi, votre amie prodigieuse"

Heike vous propose de lire sa lettre librement.

Vous avez le droit d'utiliser ce texte dans un cadre personnel ou académique, 

Vous n'avez pas le droit d'en faire une utilisation commerciale.

Dans tous les cas, il est obligatoire de mentionner le nom de son auteure : Heike /Nathalie FLE

Licence Creative Commons
Cette œuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale 4.0 International.

Honoré de Balzac

Honoré de Balzac

Téléchargement de la lettre "Moi, votre amie prodigieuse"

Je vous propose de télécharger le document PDF.

Sur la version PDF, vous aurez des notes de bas de page pour les allusions culturelles.

Cliquez sur l'image ci-dessous :

Lettre "Moi, votre amie prodigieuse"

La lettre vous a plu ? Vous avez des questions ?

N'hésitez pas à laisser un commentaire à Heike.

Je suis sûre que cela lui fera plaisir !

lettre écrite par la langue française

Et si la langue française était une personne : expression

Je vous propose un petit travail d'imagination.


À votre tour ! 

Voici ma consigne : 

Si la langue française était une personne, quelle personne serait-elle ?

Essayez de la décrire le plus précisément possible : 

C’est un homme ou une femme ?

Décrivez son âge et son physique.

Quel est son caractère ?

Laissez libre cours à votre imagination et faites le portrait de cette personne.

À vos plumes ! À vos stylos ! À vos claviers !


Vous pouvez écrire en commentaire ou me l'envoyer par email : info@nathaliefle.com

plume et encrier anciens


Ressources utiles en français

Partez à la découverte de Paris

et perfectionnez votre français !

Exercices de français Paris


À la fin de ce cahier, vous connaitrez de nouvelles choses sur Paris, son histoire et son architecture.

Et vous aurez amélioré votre français 

(compréhension, vocabulaire, grammaire, prononciation et expression écrite).

Je peux vous aider  à écrire ou corriger un texte .

Rejoignez le programme "Autonomie" comme Heike pour progresser en français (grammaire, vocabulaire, compréhension, expression).

Contactez-moi : contact@nathaliefle.com


Crédit photos : IA de Canva, Wikimedia commons, photo personnelle de Heike

Commentaires ( 6 )

  • Maria

    Tres belle, la lettre d’Heike!
    Elle a bien surpris les cotes extremes du francais, autant le bien que le mal que cette langue a subi a travers le temps! Une lettre bien ecrite dans la bonne juste mesure!

    • Heike

      Merci beaucoup, Maria.

  • Judith

    Merci pour la belle lettre et la bonne lecture, Heike ! Quel culot de mettre en question le bien-fondé de la grande et infaillible Académie française ! Je me suis bien amusée.

    • Heike

      Merci beaucoup, Judith.
      Pour me faire pardonner auprès de l‘Académie française, je recommande ce livre que j‘ai beaucoup aimé: „Un fauteuil sur la Seine“. Amin Maalouf, l‘actuel secrétaire perpétuel de la „vieille dame du quai Conti“ y raconte la vie des 18 personnages qui l‘ont précédé sur le fauteuil no 29.

  • Sarah

    Bonjour Heike, Merci d’avoir partagé votre magnifique lettre .Je suis éblouie par votre créativité, votre passion et vos connaissances de la littérature française. Vous avez créé un chef-d’œuvre littéraire et on fait une aventure romanesque à travers votre écriture! C’est comme si vous nous prenez par la main et nous invitez à découvrir tous les visages de Madame Française. J’ai bien accroché à votre texte et j’aime bien le titre, ayant lu “ L’amie prodigieuse.” Le ton de votre texte me fait penser à un journal intime et c’est très généreux de votre part de le partager avec nous. Heike, je suis certaine que Madame Française est très contente de votre amitié et très fière de votre progrès en français. Vous êtes une ambassadrice pour elle en montrant comment une langue peut être une ouverture sur le monde et sur la culture. C’est évident que toi et Nathalie faites une très belle équipe et je lance des fleurs à vous deux! Chapeau!
    Heike, quel est votre roman contemporain préféré et avez-vous une librairie préférée à Paris? Écoutez-vous des podcast sur la littérature? Moi, je suis fan de «  La Grande Librairie. » Bonne lecture!

    • Heike

      Bonjour Sarah ! Tes compliments me font rougir, je suis très touchée. Et merci pour les fleurs que tu nous as lancées ! – Pour répondre à tes questions: Oui, j‘écoute des podcasts sur la littérature, par ex. „Memo‘art d‘Adrien“ ou „Le Hussard“ ou encore „Qu‘est-ce qu‘on lit?“. – Ma librairie préférée à Paris, ce sont les Bouquinistes. J‘aime bien aussi „Le Piéton de Paris“ juste derrière l‘Hôtel de Ville, où l‘on trouve toutes sortes de livres sur Paris. – Je ne dirais pas que j’ai un livre contemporain (ou pas) préféré, mais je peux t‘en citer quelques-uns parmi ceux que j’ai lus récemment et que j’ai particulièrement appréciés: „L‘Alsacienne“ de Maurice Dénuzière, „L‘allègement des vernis“ de Paul Saint Bris et la trilogie „Négo“, „L‘Organisation“ et „Milo“ de Laurent Combalbert. Et quant aux livres audio: „Martin Eden“ de Jack London et les „Lettres persanes“ de Montesquieu que je viens de terminer hier et qui m‘ont bien amusée. – Bonne lecture à toi aussi, merci encore et bon week-end !

Give a comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.